Miracle à Fourvière ?
Le Barbarin Nouveau est (presque) arrivé!
Ca va donner des idées de cadeaux pour son anniversaire...
Miracle à Fourvière ?
Le Barbarin Nouveau est (presque) arrivé!
Ca va donner des idées de cadeaux pour son anniversaire...
Philippe Barbarin...
avant...
C'était le morne temps des très chics rencontres catho-entreprenariales à Valpré, des dialogues de complaisance avec Luc Ferry, et d'une écologie aussi dérangeante pour les milieux d'affaires qu'une mer d'huile pour les voiliers de Maud Fontenoy.
C'était le temps de l'ambiguïté permamente où dans la même phrase on réussissait l'exploit de dénoncer le règne de l'argent, tout en justifiant comme tout à fait légitime le souci de "la réussite" en affaires. Dénonçons le veau d'or mais, quand même, sauvons les meubles, les portefeuilles et l'indécrottable mythe bourgeois du (si) doux commerce. Va comprendre...
Quelques jours avant la catastrophe libératrice, Philippe Barbarin continuait encore et encore à mettre en "concurrence de luttes" le combat contre les OGM et celui contre les "OHGM", plutôt que de reconnaître leur profonde convergence en un commun combat pour la vie donnée contre la "vie" appauvrie dans son artificialisation, comme l'y et nous y invite l'écologie intégrale promue par François dans Laudato Si.
Ecologie devait encore rimer avec anthropophobie de façon à ce que anthropophilie puisse continuer de rimer avec Medefophilie. C'était tellement rassurant et de bon ton de construire un clivage entre une "bonne écologie humaine" (certifiée, elle, 100% catho -ouf !- et UMP compatible -re ouf !!-) et une très très vilaine "écologie environnementale" (ne rassemblant, comme chacun sait, que des cohortes de dangereux gauchistes post soixante huitards, de deep ecologist malthusiens et adorateurs de la terre-mère Gaïa!). Voir du paganisme partout autour de soi nous exonère d'avoir à le reconnaître en nous-même.
C'était aussi le temps où Philippe Barbarin mettait en avant le fameux "Croissez et multipliez" de la Genèse pour, croyait-il, justifier son opposition "chrétienne" à la décroissance, en entretenant par là-même une redoutable et pernicieuse confusion sémantique entre deux types de croissances pourtant IRREDUCTIBLEMENT inconciliables car métaphysiquement opposées : une croissance en émerveillement, en sens du partage, en don de soi gratuit, en humanité, insufflée par les imprévisibles vents de la grâce, faisant lentement et souterrainement leur oeuvre en chacun de nous, selon les rythmes propres à la vie en Christ; et une croissance mortifère, cancéreuse, d'une folle arrogance anthropocentrée, arrachée à coups de bulldozers ravageurs, de délirantes manipulations du vivant refabriqué, de pulsions consuméristes frénétiques, de caprices individuels illimités et stimulés par un matraquage publicitaire incessant.
Elle avait bon dos la décroissance! On préférait la fustiger pour des raisons complètement erronées, de façon à rester sourd à l'intuition subversive, libératrice et largement chrétienne d'origine dont ce mouvement prophétique est pourtant porteur, et dont le cri dans le désert vient bousculer nos habitudes mentales de catholiques bien-portants ! Ca pique notre orgueil catholique que de nous reconnaître devancés par d'autres. Voilà tout!
Les écologistes radicaux et décroissants, par l'éthique de la non-puissance qui les caractérise peut-être avant tout, sont des révélateurs de la si grande difficulté (ou du refus) d'un certain catholicisme à faire le deuil des illusions prométhéennes du "progrès" et d'un certain esprit de puissance qui, entre autres sur le plan économique, n'en finit pas de le subjuguer (d'où par exemple son incommensurable fascination pour la sacro-sainte figure de l'entrepreneur capitaliste). Alors on les méprise et on les caricature.
On préférait se raconter des histoires en la présupposant contraire au "croissez et multipliez" biblique, en feignant de ne pas comprendre que la décroissance dont il est question vise la croissance matérialiste vers le néant, dont elle fait exploser l'idéologie du sans limites qui la sous-tend, et bien évidemment pas la croissance en vie et en humanité, qu'au contraire les décroissants promeuvent depuis toujours. On le saurait si on les connaissait et si on les lisait. Mais on préfère mieux pas. Le combat des précurseurs de la décroissance et de leurs héritiers a toujours d'abord été mené au nom de la dignité et de la vraie grandeur de l'homme, c'est à dire contre toutes les formes de son orgueil de toute-puissance, qui l'anéantissent et défigurent sa vocation profonde.
La belle affaire que le "Croissez et multipliez" biblique, utilisé comme étendard permettant, sans trop en avoir l'air, d'établir une subtile identification de la croissance de nos vies en Dieu, à la croissance qui tue et qui dévaste, celle du PIB et des grands chefs d'entreprise! A Valpré (ou sur KTO, c'est pareil), on fait très précisément en sorte que cette confusion proprement blasphématrice demeure, aussi bien verrouillée que possible dans les esprits catholiques.
A contrario, établir une clarification tranchée par une mise en opposition frontale entre ces deux croissances, reviendrait à reconnaître et à assumer le choix devant lequel nous sommes placés, tous et chacun de nous : servir le règne immobile de Mammon ou nous convertir en vue du Royaume de Dieu qui vient.
En somme, c'était le temps, où Monseigneur Barbarin refusait en matière écologique de "céder au catastrophisme", car "l'espérance est plus forte"...
La véritable espérance chrétienne, disait Jacques Ellul, ne relève en rien ni de quelque optimisme ni de bons sentiments rassurants, mais n'émerge et ne se révèle pour ce qu'elle est, un pur don de Dieu, qu'en des contextes personnels et historiques qui, à l'aune de la seule volonté humaine, nue de toute illusion, semblent désespérés et sans aucune issue possible.
De quelle espérance parle-t-on en effet? Chante-t-on l'espérance, la foi chevillée au corps en Celui qui vient, avec un regard lucide sur le réel du monde capitaliste tel qu'il est, depuis le trou noir des impasses du progrès dans le quel nous sommes tous engloutis, ou bien alors dans le complaisant aveuglement à ce réel et dans la tranquillité trompeuse du "tout va bien madame la marquise"?
Cette forme d'espérance qui se laisse imperceptiblement envelopper par l'esprit de résignation et de compromission, laissait quand même un tout petit peu entendre la bande-son d'un refrain tellement trop connu : Louons le Seigneur pour nos belles centrales nucléaires et pour tant d'abondance matérielle, continuons paisiblement sur notre folle lancée techno-productiviste (avec 2/3 réaménagements quand même), car de toute façon on est sauvé par la croix de Jésus et la Jérusalem céleste prépare déjà le festin des noces éternelles. Tout va pas si mal, tout se terminera bien et en attendant le grand soir parousiaque, Jésus joue aux billes avec son père et son cousin (il a que ça à faire, il a pas la télé et il lit même pas Famille Chrétienne).
Message parfaitement reçu par le "grand patron chrétien" et autre catholique dynamique et expert en enthousiasme mobilisateur. Une belle charte éthique sur la responsabilité sociale et écologique de son entreprise et une superbe page "développement durable" sur son site internet, agrémentées d'une opération "semaine économie circulaire pour sauver le climat", feront l'affaire et tranquilliseront sa conscience. "Soyons dans l'espérance et ne nous laissons pas guider par la peur!" pourra ânonner l'entrepreneur rasséréné (en général il cite Jean-Paul II dans la foulée!). Le si beau rôle du "porteur d'espérance" à peu de frais, alibi moral au service d'une farce durable : la moralisation du capitalisme...
Pendant ce temps, le souverain pontife, au mépris des souverains poncifes, refusant la dérobade et prenant l'écologie au sérieux, le regard tourné vers l'oeuvre du créateur, nous parle lui de transformation radicale des rapports sociaux et des structures économiques, et appelle par son nom le désastre écologique qui n'en finit pas de s'étendre. Catastrophiste François? Et décroissant pour aggraver son cas!
Nombre de ces malentendus et formulations pour le moins ambigües, sont bien perceptibles dans ce dialogue qu'avait récemment le cardinal Barbarin avec Dominique Bourg; ce dernier remettant d'ailleurs les points sur les i au sujet du catastrophisme et de la décroissance (voir ici).
(Suite haut de page-droite)
...et après la foudre
(Mais c'est
fini main-tenant tout
ça!)
...Et puis soudain patatras, un gros coup de massue en forme d'Encyclique papale, et voilà le monde de Philippe qui vascille. En témoignent ces propos dignes d'un fougueux khmer vert, à faire frémir d'horreur la bourgeoisie catholique lyonnaise et les premiers rangs de notables à Fourvière:
« Le pape me réconcilie avec le mot décroissance (...) L'emploi du mot “décroissance” par le pape a fait beaucoup parler. (...) Le pape ne l'envisage pas sous l'angle du seul chiffre : “Moins est plus”, dit-il. C'est-à-dire qu'avoir moins, c'est peut-être grandir plus... » (ici); ou encore, saisi par la grâce d'un irrépressible et jubilatoire élan contestataire : «Le mot (décroissance) est présent dans l'encyclique. Le seul critère du bonheur, ce n'est pas le fric. Le pape dit : plus le cœur de la personne est vide, plus elle a besoin d'objets à acheter, à consommer, c'est vrai.» (ici).
Liliane, fais les valises, on rentre à Lyon!
Et ben voilà, ça y est, encore un extrémiste qui veut nous faire revenir à la bougie, un gosse de riche malthusien qui bafoue la Bonne Nouvelle du Progrès, qui méprise les miracles de l'innovation technologique, et qui perd la foi dans le salut du monde par l'esprit d'entreprise.
Et le "Croissez et multipliez" biblique alors !? Ca va jaser à Valpré à l'heure du cocktail
et ça va pas du tout ferryre Luc.
Oh que non!
Si ça continue, dans quinze jours, Philippe prône le retour à l'âge de Pierre.
(Pour un cardinal quand même!)
"Avoir moins c'est
grandir plus".
Trop fort! On dirait du Jésus. Faudrait que
j'y réfléchisse quand même!
...
Alors, pour définitivement réconcilier Philippe Barbarin avec la décroissance, une folle et scandaleuse idée de cadeau pour les 65 ans du cardinal le 17 octobre prochain:
Un abonnement à La Décroissance, Rien que ça !
(Archevêché - 1 place de Fourvière - 69321 Lyon Cedex 05)
Euuuh...
Par l'intercession de Saint Ignace de Loyola,
discernons.
Philippe et José, mêmes combats !
Serge Lellouche
PHILIPPE REVIENS!
"L’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde" -
François, Laudato Si...
..."le pape n'est pas pour la décroissance, parce qu'on ne peut pas
être contre l'économie", clamait sans sourciller le père Bernard Devert
lors d'une homélie prononcée il y a quelques semaines
devant 500 personnes dans le centre de Lyon.
(témoignage d'un ami lyonnais, présent à cette messe)
***
"Quand l'Eglise passe son temps à bénir l'activité concrète des hommes, quand elle vient seulement leur attester qu'ils sont dans le droit chemin, et que ce qui se passe est la volonté de Dieu, c'est alors qu'elle produit le grand détournement de la révélation, la grande imposture. Mais cela n'est possible que dans l'exact mesure où Dieu lui-même s'est détourné de son Eglise".
Jacques Ellul, L'espérance oubliée.