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L'Eglise est renoncement au pouvoir 

 

Par Anne Josnin -

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 "Et je voulais en fait, à travers cette oeuvre [le tableau de Goya, Le Sabbat des sorcières, 1798], montrer justement comment il était facile de transformer en zombie des personnes. Et comment, en fait, le pouvoir pouvait créer une fascination très très très forte... Et cette part d'ombre qu'on a tous, c'est une façon aussi de m'en méfier, et c'est de dire : je suis du côté de la transgression, je n'obéirai jamais à aucun ordre... et en même temps je sais très bien à quel point il est facile d'être fasciné par le côté sombre du pouvoir..."

Juan Branco

 

 

          

 

 

La messe des hypocrites

 

Engagée avec passion dans les différents mouvements sociaux qui ont marqué ces dernières
années,
NuitDebout, Gilets Jaunes, mouvements antipass, contre la réforme des retraites,
en même temps que je découvrais grâce aux associations le quotidien des migrants sur nos
territoires des Hauts de France, j’ai vécu et vis douloureusement cette absence de l’Eglise
dans ces mouv
ements en recherche d’un monde plus fraternel, plus juste, où la liberté de
chacun puisse s’exercer en respect de la nature comme de la dignité humaine.

 

Le monde peut être en feu ou s’effondrer à l’extérieur, les messes dominicales continuent
imperturbables à délivrer un message creux de gentillesse hors sol, qui ne s’adresse de fait
qu’au club des inscrits à la sortie paroissiale, où si l’on a le droit de discuter la virginité de
Marie et la réalité matérielle des miracles, on vous fait comprendre par un silence
réprobateur qu’ici on ne parle pas politique. Pas non plus de cadavres. De mutilés. De violés.
De suicidés. Il y a longtemps que nos crucifix ne saignent plus, et d’ailleurs on préfère
remplacer le corps nu torturé de l’agonisant par une silhouette de ressuscité. Faudrait pas
choquer non plus.

 

Là-dessus explose le scandale des crimes sexuels, que l’on découvre pratiques initiatiques
enseignées par les plus charismatiques des apôtres de la Nouvelle Evangélisation, dans un
contexte ecclésiastique où depuis toujours semble-t-il, la double vie des clercs est couverte
par l’Institution, où les « abus » de bonne chair de certains- violeurs d’enfants et engrosseurs
de femmes, sont soignés par de discrètes mises au vert et changements de climat. En
ignorance totale des victimes. Et quand elles commenceront à parler, parce que le monde au
dehors change, en refusant de les entendre. Puis de les croire. Enfin comme on ne peut nier
les faits quand ils tournent à l’évidence, en les invitant à offrir leurs souffrances. En silence.
Pardonner. Par amour du Christ. Mais les victimes sont devenues des rebelles. Elles iront au
bout. On conseille (des cabinets à la McKinsey ?) aux évêques en panique de la jouer pro :
gestion de crise. Commission Sauvé. L’Esprit Saint souffle où il veut, et quand la porte est
triplement cadenassée de l’intérieur, il arrive par la fenêtre. Par le toit. Par des laïcs et des
agnostiques. Des homos et des femmes. Merci à Frédéric Martel, à Ixchel Delaporte, à
Céline Hoyeau. Aux associations de victimes. A François Ozon. Merci à mes amis de toujours
qui ont eu le courage de continuer à avancer, jusqu’à oser dire un jour : « moi aussi. Tel
prêtre. De tel âge à tel âge. »

 

Alors à un moment, le flonflon satisfait de la messe dominicale devient insupportable. On
attend que les directives romaines, des évêchés, arrivent, pour enfin prendre en
communauté la mesure de l’horreur, déchirer tous nos vêtements et nous mettre à genoux
devant les victimes. Et implorer le Ciel de nous venir en aide. Mais quoi ? Quelques réunions
dans le diocèse, en marge de la messe dominicale intouchable (sauf pour en diminuer le
nombre), moments très forts, mais que seule une minuscule portion de catholiques vivra.
Comme si ce pouvait être sur la base du volontariat : il ne faudrait pas choquer inutilement
des paroissiens par le témoignage de victimes. Parce que les victimes, elles, elles ont eu le
choix peut-être ? On les a prévenues que cela allait être violent ? Douloureux ? Déglingant ?
Jusqu’à rendre fou, jusqu’à vouloir mourir ? On a attendu qu’elles soient majeures peut-
être ?

 

Alors dans le silence repus de nos messes dominicales, chacun persuadé de sa bonté après le
baiser de la paix aux sourires affligeants de fausse mansuétude (dès le dernier chant on ne
se connait plus à moins d’être du même monde en ville), la communion pour preuve
tangible, me prend parfois l’envie, selon, de vomir ou de crier.
Que les croyants distraits oublient ce qui se joue au sacrifice de la messe. Soit. Qu’ils ne se
sentent pas directement concernés par ces « abus » (comme on dit abuser d’une bonne
chose !!), eux qui ont leurs propres soucis, je comprends. Mais le prêtre, le prêtre !!! Il sait
pertinemment, statistiquement au moins, qu’il y a dans son assemblée des victimes. Des
enfants de Dieu dont les cris torturés, dans ce silence repus, montent jusqu’au Ciel et
réveillent le juste courroux divin. Là, maintenant, dans cette église Notre-Dame, il y a des
victimes de l’Eglise dont le cœur pleure en silence, dont peut-être le cœur est mort à jamais.
Ou pire, qui sont de victimes tombées en bourreaux. Qui à leur tour repèrent, séduisent,
détruisent. Contaminées au sein même de l’Eglise. Pourquoi aucun prêtre ne laisse son cœur
touché par cette réalité, pourquoi aucun ne se met à pleurer, à genoux, pour demander
pardon au nom des siens, au nom de l’Eglise ? Autant de fois que son cœur pris de douleur
et de compassion le lui inspire ? Chaque dimanche s’il le faut ? Jusqu’à rejoindre la dernière
victime ? Qu’est-ce-qui le retient d’entendre et se laisser toucher par la souffrance des
hommes en général, des victimes des crimes de l’institution en particulier ? Jusqu’où a-t-il le
cœur endurci, qui ne cesse pourtant de disserter en chair de l’amour du Christ ?

 

Alors il y a des dimanches où la nausée me vient dès le matin, dès avant de m’y rendre, et où
je ne trouve pas la force. Et je mets le Jour du Seigneur en mode distrait, pour ne pas me
laisser envahir. Par la colère. Par les tourments de la mauvaise conscience. Parce qu’il ne
faudrait pas que l’Eglise s’illusionne : ce ne sont pas seulement les victimes de ces crimes
qu’elle a détruites. C’est tout le peuple de Dieu qu’elle a abusé. Qui doute et qui culpabilise à
son tour, à la place des prédateurs. Qui se demande non seulement « Que n’ai-je pas su
voir ? A quel moment ai-je pu être complice ? » mais qui se retrouve aussi avec le complexe
du survivant : « pourquoi pas moi ? »
Voici aussi le fruit d’un de ces matins de trop plein de colère et de honte, de doute et de cri
vers le Ciel, sous forme de tentatives de début d’explication.

 

Où est passé le souci des âmes ?

 

J’ai longtemps eu un respect infini de la mission sacerdotale, et je croyais naïvement que les
prêtres en étaient les plus imprégnés, le salut des âmes pour mission, et donc un zèle de
chaque instant pour chacune des brebis qui leur était confiée, leurs ouailles comme on disait
dans le temps. Il me semblait que pour le prêtre, alter Christus, chaque personne rencontrée
avait valeur infinie et méritait qu’on donne sa vie pour elle. Et qu’on le lui exprime en
prenant le temps de s’asseoir auprès d’elle sur la place publique sans se soucier des ragots,
de s’inviter chez celle dont la réputation fait scandale, de la visiter quand elle est malade, lui
donner à manger quand elle a faim etc Et intuitivement, durant des siècles d’imprégnation
chrétienne, même les cancres des écoles et de la vie, même les pires brigands et criminels,
et les plus pouilleux mendiants et plus légères femmes, savaient que pour le prêtre ils

avaient figure de la brebis perdue qui mérite qu’il abandonne tout le reste du troupeau et
risque tout pour elle.
La figure du prêtre, indépendamment de ses qualités et vertus humaines, était signe visible
de l’origine divine de chacun. En voyant la soutane, la bure, le clergyman, peu importe qui la
portait, on se souvenait enfant de Dieu. Et quelle que soit notre vie du moment, nos galères,
nos errements, nos crimes, nos plaies, on se retrouvait intérieurement relevé, soigné, habillé
du vêtement d’enfant aimé du Père. Du moins c’est ainsi que je vivais alors le rapport à la
figure du prêtre.

 

Je croyais aussi que leurs angoisses d’hommes à part et leurs nuits blanches, pour lesquelles
ils ne trouvaient remède que dans la prière et l’action, avaient pour motif l’écart entre leurs
limites humaines et ce qui se jouait de combat spirituel au sein de chaque âme, souvent à
l’insu même des gens, prisonniers des servitudes du monde, misère matérielle et spirituelle,
et de ses drogues pour les supporter. Que là où l’on voyait un politique ambitieux et sans
scrupule, lui voyait un des larrons sur la croix. Là où l’on voyait une fille qui collectionne les
aventures sans lendemain, lui voyait la Samaritaine. Une vieille aux habits aussi fripés qu’elle
au fond de l’église : la pauvre à l’obole, etc.

 

« …. Et à l’heure de notre mort »

 

J’ai longtemps porté sur moi ce petit mot, sous ma carte d’identité, « En cas d’urgence
prévenir untel et un prêtre catholique », dans l’illusion que naturellement
un prêtre
viendrait recueillir mes derniers instants et m’ouvrir les bras du Père par la bénédiction
sacramentelle.
Et puis j’ai réalisé qu’il n’y avait jamais de prêtre de garde. Qu’ils laissaient les hôpitaux à la
gestion de laïcs d’une discrétion telle que je ne connais personne de mon entourage qui sait
qu’il y a des aumôniers à l’hôpital, et qu’on peut leur demander de passer dans la chambre
d’un malade. Dans leur chambre. A la naissance de mon aînée, il y a 29 ans, j’ai demandé à
une infirmière la visite de l’aumônier pour le dimanche (c’était encore un prêtre). Elle a été
surprise : c’était la première fois qu’on le demandait dans le service maternité. Il était aussi
surpris et heureux : jamais aucune maman ne l’avait sollicité. Il y avait alors encore, au fond
du tiroir de la table de chevet, un petit mot sous les dépliants de l’hôpital, marquant la
disponibilité de l’Eglise. Il me semble que lorsqu’on a le souci des âmes, de chaque âme, les
deux moments vitaux sont le baptême (moins il y en a et plus on les fait en série) et, non pas
la sépulture, qui n’est pas un sacrement et pour cause, mais ce qu’on appelait l’extrême
onction ou sacrement des mourants, que par confort intellectuel et matériel, lâche
euphémisme et commodité d’emploi du temps, on appelle aujourd’hui sacrement des
malades, effaçant les mourants. ( la mort est devenue une maladie comme une autre : n’est-
ce-pas l’Eglise qui de fait l’a escamotée de son anthropologie avant que les Gates et Musk
ne cherchent à l’éradiquer comme les autres maladies, à coup d’expérimentations
criminelles et d’eugénisme massif ?).

 

Le Christ leur a confié à travers Pierre les clés du Royaume, ils les ont remisées au musée des
vieilleries.

 

La crosse et la bite

 

Par contre ils ont gonflé à les en faire exploser les bibliothèques des séminaires vides et des
catholiques soumis, d’un moralisme douteux de pharisiens en mal de popularité, de mâles

en haine sadomasochiste de leur homosexualité, parce que plus encore de la femme qu’ils
ne veulent à aucun prix dans leurs chambres hautes transformées en lupanars. Vous me
direz : mais c’est tout l’inverse ! Aujourd’hui l’Eglise est beaucoup plus humaine ! Elle donne
une large place aux femmes (si elles font ce qu’on leur dit de faire), autorise les plaisirs
sexuels, loue les carrières dans la finance, bénit la gourmandise et excuse par la
psychanalyse et la sociologie nos déviances publiques comme intimes. Mais faire semblant
de donner l’exemple, excuser, déresponsabiliser, blanchir, bénir, c’est encore faire de la
morale : c’est encore pénétrer dans l’intime des cœurs (parfois des corps) pour s’en faire le
juge (souvent Tartuffe), à l’instar du Seul Juge. Comme Pascal l’avait mis en lumière chez les
Jésuites quiétistes : ce n’est pas par humanisme chrétien qu’ils développent une morale
élastique, c’est pour mieux garder le contrôle (o
u l’illusion du contrôle) sur les consciences,
et par là sur le cours des affaires de ce monde. C’est au fond par amour du pouvoir.

 

Or l’Eglise est originellement, radicalement, constitutivement RENONCEMENT AU POUVOIR.
Et donc d’abord au droit de juger.

 

« Mon Royaume n’est pas de ce monde ». C’est en cela qu’elle ne peut être qu’un contre-
pouvoir : non pas comme autre pouvoir, mais comme renoncement et même incrédulité
face à tous les pouvoirs comme à tous les jugements de ce monde, indifférence à l’attraction
qu’exercera toujours le pouvoir, quel qu’il soit. Les premiers chrétiens ont été persécutés,
jetés aux lions officiellement non pour leur foi mais pour leur athéisme : parce qu’ils
refusaient de pratiquer le culte dû à Rome. C’est la raison pour laquelle le christianisme
apparaît souvent comme une faiblesse civilisationnelle, là où l’Islam apparait comme une
puissance, qui fortifie le pouvoir temporel en le mariant de force au pouvoir spirituel. Un
chrétien conséquent n’arrive jamais à adhérer pleinement à aucun pouvoir temporel, et
c’est en cela qu’il est à part, séparé du monde. Là où les foules s’enthousiasment et croient
voir leur Salut, lui sait que le pouvoir est aux mains du Prince de ce monde, ce mauvais
perdant qui ne fait que prolonger l’illusion de sa victoire alors qu’il a déjà perdu.

 

Il y a au fond de tout chrétien conséquent un esprit irrévérencieux, parce qu’authentiquement libre.
Donc le prêtre, enchainé à son impuissance volontaire (c’est en ceci qu’il est eunuque ! En
renonçant à toute prétention patriarcale, pas en tant que célibataire misogyne !), dénué,
libéré de tout pouvoir, ne peut ni condamner ni pardonner. L’Eglise non plus. Elle n’a aucun
des pouvoirs humains. Mais elle a les clés du Royaume : lui ont été confiés la Bonne
Nouvelle du Salut proposé à tous, à l’Evangile tranchant, et les Sacrements qui donnent le
pardon divin. En n’annonçant plus qu’à un cercle restreint de fidèles-copains toujours plus
resserré, en condamnant ou pardonnant en son nom propre à droite et à gauche, elle prend
en otage le Christ et se substitue au Père. Elle se fait nième pouvoir temporel patriarcal.

 

Tout cela est bien joli me direz-vous, mais de fait, historiquement, hormis les premiers
temps du christianisme et ensuite dans des cercles infimes du christianisme, marginaux,
souvent persécutés, l’Eglise a toujours été un lieu de pouvoir patriarcal, associé aux autres
pouvoirs temporels. Elle a usé plus ou moins habilement de son origine évangélique pour
être tantôt aux côtés, tantôt contre tel ou tel d’entre eux, mais n’a jamais été dans le
renoncement pratique au pouvoir.
Oui, et de ce point de vue elle a plutôt avancé dans le sens d’une officialisation de sa
séparation des pouvoirs temporels, que la laïcité est venue formaliser. Mais d’une part elle

n’a pas renoncé à un pouvoir sur les âmes en place du Père, (je n’ai jamais pu comprendre ni
accepter que les prêtres se fassent appeler « Père »), d’autre part elle poursuit en mode soft
power et corruption des relations complices avec les pouvoirs temporels. Et ce sont ces
relations complices qui expliquent qu’un évêque n’ait pas le temps d’échanger avec une
paroissienne lambda à la sortie de la messe, mais avec son député.

 

Où sont Amour et Charité ?

 

Alors si tout n’est pas si mal au regard de l’histoire, qu’est-ce qui fait donc que j’ai perdu la
foi en l’Eglise d’aujourd’hui ?
Il me semble en fait, au regard des silences des clercs et de leurs évitements, que ce sont
eux qui ont perdu la foi… parce qu’ils ont perdu son feu : la charité.

 

Les complicités avec le pouvoir temporel, - dans le crime et par le soft power d’une Eglise
catholique numériquement moribonde, mais économiquement, politiquement, et
criminellement ! proportionnellement beaucoup plus influente, du fait même de
l’effondrement numérique et spirituel des officines politiques (partis et syndicats) -, ne sont
plus jamais interrogées, car elles ne sont pas vues par l’institution comme mauvaises
.

Si l’Eglise sous la pression de la société reconnaît des brebis galeuses et cherche des process
pour que cela ne se reproduise plus, que les victimes soient dédommagées, c’est à l’intérieur
du cadre de la société néocapitaliste de surconsommation, qu’à aucun moment dans ce
dossier des crimes sexuels elle n’interroge. Et pour cause : elle pratique les mêmes cabinets
de gestion, de communication, de défense juridique… que ses amis politiques et acteurs
économiques. Et comme par hasard on retrouve dans les institutions laïques les mêmes
crimes de prédation/exploitation sexuelle (comme aussi d’autres crimes et délits, financiers
notamment) que dans l’Eglise. Or si elle a toujours péché par collusion avec les pouvoirs
temporels, la nouveauté c’est que, (sous prétexte que nous serions en démocratie ?)
aujourd’hui elle n’y voit plus de problème.

 

Et cette collusion la coupe du peuple. Collusion qui la fait sourde aux cris de ceux qui souffrent, en particulier des Gilets Jaunes, alors qu’elle
aurait dû être de tous les ronds-points. Sourde aux souffrances des soignants, elle qui a
inventé les hospices. Quel homme d’Eglise se soucie de ce qu’est en train de devenir l’Hôtel-
Dieu de l’Ile de la Cité ? Mais pourvu que la cathédrale Notre-Dame retrouve son lustre et
son nombre de visiteurs, qu’on transforme le cœur chrétien de Paris en galerie marchande
et que l’on en chasse les pauvres et les malades l’indiffère. Comme un prêtre m’a répondu
un jour : il y a des institutions pour cela, non ? Sourde à la destruction de nos Universités et
aux souffrances subséquentes des étudiants, elle qui a enseigné gratuitement des siècles
durant. Les facultés privées feront mieux le travail, non ? Oui cette collusion avec les
pouvoirs temporels, en l’éloignant du peuple, lui a desséché le cœur. On la voit plus prompte
à plaindre un politique, un grand patron qu’elle côtoie dans les rencontres officielles et en
petits comités, à lui trouver des excuses, qu’à recevoir, écouter, proposer aide matérielle et
sacrements à un petit du peuple, à un pauvre. Alors prendre publiquement la défense d’un
pauvre, combattre sur le terrain les structures de péché qui l’ont démoli !!
Mais notre président a pu parler des analphabètes, de ceux qui ne sont rien… sans
qu’aucun homme d’Eglise ne relève, qu’aucun ne dise : « Ce sont mes brebis ! Pas touche !
Elles ont du prix aux yeux de Dieu ! Et au Ciel elles seront les premières, et les premiers les
derniers ! ».

 

Oui notre Eglise a perdu la charité au contact des puissants de ce monde, parce que, à
fréquenter des hommes et des femmes qui ont, parfois en toute connaissance de cause,
vendu leur âme au prince de ce monde, elle ne croit plus dans le salut des âmes. Or c’est
précisément parce que, sous le vêtement d’un gueux, derrière le regard mort d’un drogué,
vide d’un vieillard atteint de démence, affolé d’un jeune en crise d’angoisse, le prêtre voit
une personne que Jésus a disputé à Satan jusqu’à mourir pour elle, qu’il est prêt à son tour,
par imitation du Christ, à risquer sa propre vie.

 

Salut des âmes. Déjà le mot âme leur arrache la bouche. Ensuite ils ont effacé la mort pour
ne pas avoir à la traverser avec le Christ, à chaque messe comme à chaque péché mortel
confessé, comme à chaque agonie accompagnée, tomber une fois deux fois trois fois, gravir
le Golgotha, être crucifié, écartelé entre Ciel et terre jusqu’à l’éclatement du cœur, traverser
les ravins de la mort, pour retrouver Marie-Madeleine en pleurs devant le tombeau vide, et
expérimenter à son tour le bouleversement du Premier matin où le Christ Vivant m’appelle
par mon nom. Effaçant la mort fruit du péché, ils ont perdu de vue l’essence du Salut. Au
fond ils ne croient plus en Dieu, ils ne croient plus en l’homme. Juste en leurs petites
affaires, dont ils évaluent la vertu à l’influence et la place dans leur petite société mondaine.
Certes beaucoup croient encore. Pendant le sermon. Quand ils écrivent. Mais non dans la
chair de leur vie. Ainsi de ce prêtre de toutes les retraites, aux ouvrages touchants de charité
chrétienne, n’ayant jamais rencontré les familles de migrants logeant sous le toit de la
maison diocésaine dont il a la charge. Il était trop plongé dans ses livres et ses réunions ?

 

Leur chair n’est plus crucifiée : elle est au monde. Prise dans ses tourments : elle l’a toujours
été. Le Moyen-Age en ses livres d’image que sont nos églises et cathédrales nous le raconte
en long en large et en humour ! Mais ils ne prennent plus au sérieux le péché, basta le
tragique de la condition humaine ! Ils ont évacué la possibilité de l’Enfer parce qu’ils ne
croient plus en la dignité infinie de chaque personne, image et ressemblance du Créateur,
personne pour qui le Christ, et donc le prêtre, est prêt à donner sa vie. Peut-être en théorie,
mais non dans la pratique. Quel prêtre aujourd’hui donnerait ne serait-ce que ses propres
souliers à un pauvre pieds nus ? Hormis monseigneur Gaillot à Lourdes (comme me l’avait
raconté monseigneur Dubigeon) ? Lequel se lève la nuit pour assister un mourant ?

 

Mais ils étaient tous reclus pendant le confinement, morts de peur, attendant avec angoisse leur
dose de Pfizer, envoyant timidement à leur poignée de fidèles connectés des vidéos de leur
messe en solitaire, puis faisant placarder à l’entrée des églises « masques obligatoires », en
totale soumission et crédulité face aux pouvoirs temporels.

 

Une Eglise mimétique ?

 

Or comment ces hommes d’Eglise pouvaient-ils faire confiance au pouvoir, dont ils partagent
les turpitudes sexuelles et connaissent mieux que le croyant/citoyen lambda la corruption ?
Ou bien n’était-ce pas les mêmes ? Soumission parce que vénération du pouvoir ?
Aveuglement volontaire ? Rapport au pouvoir qui se traduit par la reproduction auprès des
brebis qui leur sont confiées de ce triangle karpmanien : bourreau dominant, victime
dominée, sauveur dominant. Plus le clergé fricote avec les politiques et puissances de ce
monde, plus on le retrouve en dominateur destructeur de proies. Au nom du Christ-
Sauveur : domination et mépris, exploitation spirituelle, matérielle, sexuelle des personnes
les plus généreuses. Donc les plus vulnérables. Les enfants. Les femmes. Les hommes que
travaille l’appel de Dieu.

 

J’ai perdu la foi dans l’Eglise de ce temps parce qu’elle a perdu la foi dans la nécessité du
Salut pour Elle comme la plus grande des pécheresses, parce qu’elle nie la gravité de son
péché et continue de le pratiquer en collusion avec les pouvoirs temporels, poursuivant par
ses silences, ses intimations au silence dans le secret des sacristies et des bureaux
ecclésiastiques la destruction de ses victimes. Parce qu’elle continue de fait de pratiquer ce
pouvoir phallique sur tous, derrière des minauderies et des airs contrits face aux caméras. Et
que dans les paroisses on fait comme si de rien n’était, alors que c’est justement là que cela
s’est produit, se produit. Qu’étaient, que sont les victimes. Là qu’il faut soigner. Opérer,
amputer, panser, changer les pansements. Tous les jours. Or il ne s’y passe toujours rien et
que des prédateurs sans doute y continuent leurs sinistres œuvres.

 

Parce que plus globalement je vois les hommes d’Eglise plus empressés d’accueillir les
politiques qui répriment dans la violence, le sang, la prison, les manifestations et
mouvements populaires, qui condamnent à la mort dans la mer ou le désert ceux que la
misère pousse sur nos côtes, que ceux qui souffrent et se battent, que pourtant louent les
Béatitudes, sans aucun soutien spirituel.

 

Pierre a peur
 

J’ai cru que le Pape y échappait comme successeur de Pierre.
Et puis je l’ai vu interdire aux non-vaccinés d’entrer au Vatican.
Et quand bien-même il aurait été victime des pressions et manipulations des politiques de
collusion avec les laboratoires, ainsi que du manque de recul : aujourd’h
ui est publiquement
reconnu que les injections n’empêchaient nullement la propagation, voire qu’elles
l’accéléraient. Donc que les opposants avaient raison. Aucune reconnaissance à Rome et
dans nos églises locales de leur erreur et de leurs tords (nous, les non injectés, avons été
accusés de manquer à la charité : que n’accuse-t-on aujourd’hui ceux qui ont négocié des
contrats frauduleux, menti, fait prendre des risques notamment aux jeunes ??), aucune
excuse à l’encontre des non vaccinés ni des victimes des effets secondaires de la vaccination.
Circulez il n’y a rien à voir. Le Pape vient d’inviter, à la messe des JMJ à Lisbonne, les jeunes à
n’avoir pas peur. Après les avoir incités à se faire vacciner par charité (Eux qui ne risquaient
rien avec le covid, mais leur avenir avec ces injections expérimentales). N’est-ce pas la peur
justement qui l’a poussé à rendre obligatoire ces pseudo vaccins ? Allons au bout de la
question : sa peur à lui, de vieux privilégié ? Au fond, quelle différence entre son discours et
celui des puissances de ce monde ? D’une Von der Leyen qui se rend à Taizé ? Ne sera-t-il
pas dans la charrette des accusés demain lorsque les peuples dresseront des tribunaux
populaires ?

 

En 1431, Jeanne d’Arc face à l’évêque Cauchon en appelait au Pape de Rome. Il lui faudra le
XXe et une fenêtre d’opportunité politique pour que Rome lui réponde. L’Eglise est un
miracle historique qui ne tient qu’au rebours de ses officiels, au prix de martyrs d’abord de
l’intérieur.

 

Elle est aujourd’hui à l’heure cruciale : si elle s’enferre dans ce choix des puissances de mort
qui sont en train de faire disparaître la vie sur terre, elle sombrera avec elles, et puisque
l’Eglise du Christ ne peut mou
rir, celle que nous découvrirons avec la fin des Temps aura un

tout autre visage que celui que nous lui connaissons aujourd’hui, et dans lequel je ne vois
que vice, lâcheté, perfidie, violence à l’égard des faibles et complicité avec les puissants,
mensonge et crimes.

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