top of page

Stephen Jay Gould

La vie est belle

Les surprises de l’évolution

 

 

(W.W. Norton & Company, 1989 - Le Seuil, 1991)

 

 

***

Stephen Jay Gould (1941-2002)

Paléontologue, géologue, historien des sciences américain.

Un portrait intellectuel de ce gargantua du savoir, ici.

***

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Découvert en 1909 par le paléontologue américain Charles Doolittle Walcott (1850-1927), le gisement de fossiles du schiste de Burgess (Colombie-britannique, dans les rocheuses du Canada), abrite la plus ancienne faune d’invertébrés à corps mous, la plus remarquable et la mieux conservée.

L’étrange beauté, le caractère unique et déroutant de ces organismes du cambrien les rendaient d’une certaine façon incompréhensibles selon une grille d’interprétation dogmatique du progrès et de l’évolution.

 

Ce livre entremêle l’histoire de la cécité intellectuelle du découvreur de ces fossiles (et à travers lui de toute une génération), autant aveuglé par son scientisme borné que par sa position et son moralisme social, et le récit de la méticuleuse réinterprétation quelques décennies plus tard de ce trésor archéologique, extraordinaire révélateur d’un monde nouveau, signe palpable appelant à une complète réécriture de la grande histoire de la vie.

On croyait celle-ci définitivement ficelée dans les certitudes théoriques des héritiers de Darwin, on découvre dans l’émerveillement qu’elle n’en est qu’à ses tous premiers balbutiements. La levée de boucliers était inévitable.

 

Alerte ! Religion darwinienne en péril. Cachez-moi vite cette brèche que je ne saurais voir. Ou, comme on dirait dans les pages sciences du Monde et de Marianne, agitez-moi le chiffon rouge du vilain créationnisme qui rôde et l’épouvantail du fondamentaliste chrétien du Kentucky. 

 

La grossière ficelle intellectuelle du religieux athée est de plus en plus visible : réquisitionner un bien utile adversaire idéologique, mobilisé et désigné dans sa plus outrancière caricature, ce bon vieux créationniste ultra-conservateur et obscurantiste donc, afin de balayer d’un revers de main d'autant plus assuré, tout questionnement relatif aux sources énigmatiques, pour ne pas dire surnaturelles, de l’évolution, qu'éveillent les innombrables défaillances de la théorie darwinienne.

 

Au nom des lois naturelles, du gradualisme et de la lutte de tous contre tous, Amen.

 

Ceci dit à bonne distance du propos de Gould, qui n'effleure en l'occurrence ni de près ni de loin le terrain théologique et religieux. Mais, dans l'esprit étroit des gardiens de l'ordre scientiste, il n'en faut pas plus que le constat strictement empirique d'une énigme, pire que tout d'un mystère, pour faire de vous un agent du créationnisme rampant et sournois.

 

Iconographie d’un préjugé

 

Les fossiles de Burgess sont les archives paléontologiques d’une période située autour de 530 millions d’années, dans le proche prolongement de l’« explosion cambrienne » d’il y a 570 millions d’années, cette soudaine et foisonnante irruption du vivant multicellulaire sur Terre.

 

En ces fossiles s’est joué un moment charnière dans l’histoire de la science et des théories de l’évolution : Walcott, leur découvreur, s’acharna au début du 20ème siècle à faire rentrer ces animaux dans les rassurantes classifications zoologiques de son époque, quand Harry Whittington et quelques-uns de ses élèves entamèrent par étapes à partir de 1971, un réexamen complet de cette faune, jusqu’à cette conclusion radicale : la plupart d’entre eux n’appartenaient à aucun groupe et embranchement connus et n’étaient en rien, ou parfois seulement de façon très incertaine, les précurseurs primitifs des groupes modernes.

 

Alors que nous connaissons quatre grands groupes d’arthropodes (Trilobites - aujourd’hui disparus -, Crustacés, Chélicérates -araignées et scorpions-, et Uniramés -insectes-), le schiste de Burgess révélait pas moins d’une vingtaine de types d’arthropodes ne pouvant être classés d’en aucun de ces quatre groupes : «On peut en déduire que l’histoire de la vie ressemble à un gigantesque élagage ne laissant survivre qu’un petit nombre de lignées, lesquelles peuvent ensuite subir une différenciation ; mais elle ne ressemble pas à cette montée régulière de l’excellence, de la complexité et de la diversité, comme on le raconte traditionnellement » .

 

Tel le fameux arbre évolutif et ses ramifications croissantes du bas vers le haut, notre culture, notamment occidentale, est imprégnée d’un imaginaire iconographique de l’évolution, structurant notre vision d’une marche implacable au progrès, et sous-entendant continuellement que la valeur intrinsèque de l’organisme est corrélative à son positionnement sur ce saint axe du progrès.

 

Cet imaginaire procède systématiquement par accroissement linéaire et graduel, du peu nombreux au foisonnant, du simple vers le complexe, de l’inapte à l’apte, toujours, in fine, orienté dans le sens attendu de l’avènement triomphal de l’homme, ou plus précisément de cet homme : doué de conscience donc légitime maître dominateur et conquérant, sûr de son bon droit sur tout ce qui le précède.

 

Truffé d’erreurs factuelles emballées dans de forts jolies illusions d’optique, ce simplisme iconographique du « cône de diversité croissante », est « le plus puissant agent de maintien de la conformité intellectuelle ».

 

L’interprétation première de la faune de Burgess a été faite par un homme, Walcott, formaté jusqu’à la moëlle par cette iconographie du bas étroit et primaire menant inéluctablement vers un haut abondant et victorieux. Son erreur d’analyse était programmée en ce prisme imaginaire trompeur : ces animaux ne pouvaient qu’être selon lui les ancêtres primitifs et simplifiés d’animaux ultérieurs connus et supérieurs, petite branche initiale d’un buissonnement promis, voué à s’étendre selon les lois prévisibles de la nature.

 

Tout au contraire, Whittington et ses collègues renversèrent ce cône évolutif en lui mettant la tête en bas : soudain foisonnement des possibilités anatomiques puis, comme souvent dans l’histoire de la vie, toute aussi soudaine décimation ; survie ou disparition des groupes et espèces selon une logique bien incertaine et dans la plupart des cas étrangère aux critères sélectifs darwiniens de l’adaptation, de l’amélioration et de la complexification.

 

Si Gould attaque dans ce livre le vieux déterminisme du progrès prévisible, conforme à cette image du cône croissant, ça n’est pas pour se ranger du côté de la thèse absurde du pur hasard dépourvu de sens et de signifiant.

 

Dans son propos, la mise en lumière du simplisme darwinien suscite une multitude de questions nouvelles plus qu’elle ne dévoile une évidente et définitive conception alternative de l’histoire de la vie.

 

Il ne se situe bien sûr pas sur le versant des finalités ou de la métaphysique de l’évolution, et ne prétend nullement redéfinir la place de l’homme dans son déroulement.

 

Son livre reste centré sur ce qui se joue concrètement en ces surprises de Burgess, devant lesquelles il invite la science à un peu beaucoup d'humilité.

 

Le contexte du schiste de Burgess

 

Parfaitement repérable dans les couches géologiques, remplies ou vides de fossiles, l’histoire de la vie n’est pas continue mais ponctuée d’intenses périodes de diversification, suivies de brefs épisodes d’extinctions massives, souvent instantanés dans les deux cas, qui délimitent les grandes périodes et plus encore ères géologiques.

 

Il n’y a pas que les méchants dinosaures, les météorites exterminatrices et les films de Spielberg dans la vie. A la frontière du Paléozoïque et du Mésozoïque (225 millions d’années), 96% des espèces marines furent éliminées. Plus loin encore, page précambrienne de quatre milliards d’années tournée, l’ère Paléozoïque s’ouvre par ce « Big-Bang » de la vie multicellulaire qui caractérise la période du cambrien. La faune de Burgess est une fenêtre unique sur ce moment crucial de l’histoire de la vie.

 

Dans un chapitre entier de L’Origine des espèces (1859), l’honnêteté de Darwin le conduisait à reconnaître dans l’explosion cambrienne une énigme qu’il ne parvenait à résoudre, une sérieuse épine pour la validité de sa théorie. La logique de celle-ci réclamait des fossiles précambriens, qui seraient les précurseurs des premiers animaux complexes. Introuvables, il se replia sur l’argument habituel des archives fossiles beaucoup trop incomplètes, mais admit tout de même : « Ce problème reste à présent inexpliqué ; et on peut vraiment s’y référer comme à un argument sérieux à l’encontre des vues exprimées ici » (Darwin, 1859, p.308).

 

Ses héritiers s'empressèrent de vite oublier ce fait pour le moins gênant : le premier à avoir douté de la théorie de Darwin fut Darwin lui-même.

 

Les nombreux fossiles précambriens découverts ces dernières décennies ne valident nullement après coup, sa théorie. Le problème de l’explosion cambrienne reste entier. Si les premières formes de vie furent pendant 2,4 milliards d’années exclusivement unicellulaires (procaryote), la faune d’Ediacara (vers -700 millions d’années), découverte en Australie, qui précède d’assez peu la faune de Burgess, pourrait être une première tentative avortée de vie multicellulaire et ne contiendrait donc en rien les ancêtres simplifiés des organismes du cambrien.

 

De même, dans ce laps de temps précédant juste le cambrien, la faune dite tommotienne, fut tout aussi radicalement différente de celle qui allait survenir ensuite : « Reculez d’un pas, estompez les détails, et vous pouvez, si vous voulez, voir cette séquence comme le récit d’un progrès prévisible : les procaryotes d’abord, puis les eucaryotes, puis la vie multicellulaire. Mais si vous commencez à scruter les détails, cette histoire réconfortante s’effondre. Pourquoi la vie est-elle restée au stade 1 pendant les deux tiers de son histoire, si la complexité est tellement avantageuse ? Pourquoi l’apparition de la vie multicellulaire procède-t-elle par une brève poussée produisant trois faunes radicalement différentes, plutôt que par une montée lente et continue de la complexité ? L’histoire de la vie entretient sans cesse notre fascination et notre curiosité, mais ne se conforme guère à nos attentes et nos modes de pensée courants ».

 

Le site du schiste de Burgess est un haut lieu de cette énigme du vivant.

 

Tout aussi énigmatique est l’état de conservation de ses vestiges. Sur une toute petite surface, sa diversité et l’exceptionnelle qualité de conservation de ses fossiles d’organismes à corps mous est unique. Il a assurément fallu des circonstances très particulières, probablement liées à une brusque coulée de boue, pour permettre leur enfouissement rapide dans un milieu dépourvu d’oxygène, propice à leur presque parfaite préservation.

 

Au terme de plusieurs années de fouilles, Walcott ramena au total quelques 80 000 spécimens, regroupés au Museum national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution, à Washington. La somme des travaux consacrés par Walcott à l’étude de ces précieux fossiles fut bien modeste et superficielle, et ses œillères épaisses, comme on le verra plus loin.

 

La réinterprétation du Schiste de Burgess :

Vers une nouvelle vision de la vie

 

La longue séquence de description anatomique des créatures de Burgess qui s’ouvre ici, contient sans doute certains aspects rébarbatifs et répétitifs, mais n’en est pas moins passionnante. Une incontournable plongée dans les ressorts concrets de la chair, au cœur de laquelle se loge le secret de Burgess : l’histoire de la vie est infiniment trop surprenante et déroutante pour se laisser prendre dans les filets des grilles de lecture universitaires, et enfermer dans de savants raisonnements, qu'insupporte tout ce qui échappe à leurs conclusions hâtives.

 

Les acteurs de cette réinterprétation, à partir du milieu des années 60, ne se doutaient guère au début, de la révolution intellectuelle qui se profilait : aucun rêve de grand récit novateur à proclamer à la face du monde, une simple mise en route lente, austère et des plus méthodiques.

 

Outre son habileté de dessinateur, Whittington élabora une technique permettant de révéler l’anatomie tridimensionnelle de ces fossiles, qui bien que partiellement écrasés, n’étaient pas de simples feuilles aplaties à la surface des couches géologiques, comme se contenta de les observer Walcott. Ces animaux avaient été fossilisés dans des orientations très variées, ce qui augmentait les chances d’élucider avec précision leur anatomie.  Partir d’un fossile plus ou moins évocateur, jusqu’à concevoir la forme complexe et tridimensionnelle d’un plausible organisme vivant, requiert un don visuel et une appréhension de l’espace peu communs, qu’Harry Whittington possédait sans aucun doute.

 

Acte 1. « Marrella » et « Yohoia » : l’éveil et l’affermissement d’un soupçon, 1971-1974 –

Plutôt prudent et conservateur par nature, empiriste jusqu’au bout des ongles, préférant de loin la méticuleuse rigueur descriptive au lyrisme des grandes théories générales, (« on ne devrait pas courir avant de savoir marcher », disait-il à ses jeunes collègues), Whittington n’était pas à priori taillé pour le job d’initiateur d’une nouvelle conception de la vie. Surprise de l’évolution, imprévisibilité de la vie, encore et toujours…

 

Whittington commença ses longues études anatomiques avec Marrella splendes, l’organisme le plus courant de Burgess. Walcott collecta plus de 12 000 spécimens de ce qu’il considérait comme un trilobite, étrange certes, mais tout de même rangé dans une sous-classe de trilobite, selon la méthode de son fameux « chausse-pied », qui consistait à faire rentrer de force tous les genres identifiés à Burgess dans des grands groupes connus, puisqu’il ne pouvait en être autrement au travers de son prisme.

 

Pendant des décennies, personne ne mit fondamentalement en doute cette classification dans des grands groupes taxinomiques bien connus, au nom du dogme de l’accroissement progressif de la vie, du simple vers le complexe.

 

La monographie de Whittington sur Marrella (1971) resta plutôt conforme aux canons habituels, quoiqu’il fût vite saisi de doute : il regardait à priori cet organisme comme un trilobite, mais les différences anatomiques le frappaient de plus en plus, notamment au niveau des appendices. Son dilemme ne cessait de grandir. Il demeurait prisonnier des anciennes conceptions et attaché à la notion de primitivité, mais tout ce qu’il découvrait dans l’anatomie de Marrella venait bousculer ses préconceptions : ses traits anatomiques ne s’accordaient à aucun des caractères fondamentaux des groupes d’arthropodes. Au moment de choisir, il joua la prudence, plaça Marrella dans la classe des trilobitoïdes, sorte de catégorie « poubelle », tout en ayant le douloureux sentiment de trahir ses propres observations : « l’étude de Marrella était en fait le point de départ d’un orage ».

 

Sa seconde monographie (1974) concerne l’étude de Yohioa, et va marquer un nouveau palier de cette révolution conceptuelle.

 

Rangé aux forceps par Walcott parmi les crustacés branchiopodes, cet animal, à première vue d’allure primitive, ne semblait correspondre à aucun groupe d’arthropodes connu, à mesure que Whittington l’examinait. Critère crucial pour la classification des arthropodes, l’agencement de ses appendices semblait unique en son genre. Il ne pouvait être le précurseur bizarre d’organismes ultérieurs et, tout comme Marrella, était proprement inclassable.

 

Choisissant une dernière fois la prudence, il le classa parmi les trilobitoïdes, mais, nuance cruciale et prophétique, ajouta dans sa fiche taxinomique un point d’interrogation après trilobitoïdes.

 

Acte 2. Une nouvelle vision apparaît : hommage à « Opabinia », 1975 –

Quand Whittington présenta des dessins d’Opabinia lors d’un congrès de paléontologie à Oxford, son étrangeté fut accueillie par un énorme éclat de rire général au sein de la docte assemblée. Ce rire d’étonnement plus que de dérision revêtait un sens profond pour Whittington, et l’encouragea d’autant plus à étudier et dévoiler scrupuleusement les contours anatomiques de cette étrangeté, si surprenante qu’elle déclenchait spontanément le rire des vieux pontes d’Oxford.

 

Par son corps allongé et ses nombreux segments dépourvus d’appendices complexes, Walcott voyait en Opabinia un ancêtre annélide et le plus primitif des arthropodes de Burgess. Il lui fallut donc trouver des appendices au niveau de la tête, mais n’en trouva pas. Ils ne pouvaient selon lui qu’avoir disparu en se brisant à cause de leur grande taille, ou alors être invisibles car trop petits et cachés sous la tête ! « Il ne mentionne jamais la troisième option possible : on ne les voit pas parce qu’il n’y en a pas ».

 

Confiant, disséquant à tour de bras et dans tous les sens, Whittington s’attela également à la tâche de trouver ces appendices articulés, qui caractérisent le groupe arthropode. Il ne trouva rien. Mais lui en fit le constat lucide. Opabinia n’était pas un arthropode et n'appartenait à aucun autre groupe connu. Il avait tout d’un animal de science-fiction : il n’avait pas deux mais cinq yeux, sa trompe frontale était directement fixée sur la tête, ses branchies avaient une position totalement différente de celle des arthropodes, sans compter d’innombrables singularités au niveau du tronc, de l’appareil digestif etc… Plus profondément encore que Marrella et Yohoia, Opabinia ne ressemblait dans ses traits anatomiques à aucun animal vivant ou ayant vécu sur Terre. Son étrangeté radicale était porteuse de la totalité du message du Schiste de Burgess ; un nouveau récit de l’histoire de la vie était à écrire.

 

Gould n’hésite pas à considérer la reconstruction d’Opabinia en 1975 par Whittington comme «l’une des grandes pièces de l’histoire de la connaissance humaine. Combien d’autres études empiriques ont-elles conduit directement à une révision fondamentale de l’histoire de la vie ? »

 

Acte 3. La révision s’étend : Les succès d’une équipe de recherche, 1975-1978 –

Dès le début des années 70, Whittington s’entoura de jeunes collègues et étudiants prometteurs pour mener le plus loin possible sa réévaluation du schiste de Burgess ; en particulier Derek Briggs, un irlandais, et Simon Conway Morris, un londonien.

 

Il confia à ce dernier un des plus grands casse-têtes de Burgess, les « vers » de Walcott. « Les vers », groupe-poubelle par excellence depuis l’époque de Linné, regroupant tous les organismes qu’on ne sait où classer et qui ont une vague ressemblance avec un vers.

 

Subversif et radical de tempérament, Conway Morris était un peu le contraire, ou le complément, de la personnalité et du scientifique beaucoup plus classique qu’était Whittington : « Le renversement de perspective opéré au sujet de Burgess a sûrement émergé d’une admirable complémentarité entre ces deux types d’approches si différentes », explique Gould au sujet de ses collègues dont il fut le proche témoin de leurs explorations.

 

En 1973, Conway Morris se rend à Washington pour revisiter de fond en comble la collection de Walcott, à la recherche éperdue des perles rares. Étape majeure, à nouveau, de la révision de Burgess. Ses travaux confirmaient que l’anormal était la norme à Burgess, que la notion de lignées distinctes et inclassables avait supplanté les vieilles catégories zoologiques de « primitif » et de « précurseur ».

 

Tels Odontogriphus, Amiskwia ou Hallucigenia, dont pour ce dernier on ne pouvait même pas distinguer le haut du bas, les bizarreries organiques se succédaient les unes après les autres.

 

Nectocaris avait de l’arthropode une apparence dans sa partie avant, mais aucun des appendices articulés qui font son caractère propre. Ses faces dorsales et ventrales ressemblant à des nageoires, correspondaient plus aux caractères des chordés. Il rangea cette créature chimérique dans la catégorie « embranchement incertain ».

 

D’à peine 2,5 centimètres de longueur, Dinomischus était un animal sessile (fixé et immobile), comme beaucoup d’éponges ou coraux, mais était beaucoup trop singulier et devait appartenir à un embranchement éteint.

 

Derek Briggs se consacra quant à lui à l’étude des arthropodes bivalves, groupe apparemment le plus ordinaire de la faune de Burgess, mais qui allait réserver une nouvelle surprise.

 

Branchiocaris avait été identifié sans hésitation par Walcott parmi les crustacés, groupe très diversifié, mais dont tous les organismes sont construits selon un même plan d’organisation stéréotypé, avec notamment un nombre et une distribution des appendices très précis. A la surprise de Briggs, Branchiocaris, seulement doté de deux appendices, ne correspondait pas à ce plan d’organisation, et ne pouvait donc être un crustacé.

 

Quant à Canadaspis, doté de toutes les caractéristiques des crustacés, il fût une des rares exceptions à la nouvelle norme de l’anormal, et fut même classé par Briggs dans le sous-groupe des malacostracés. Même pas besoin de chausse-pied !

 

Acte 4. La nouvelle vision est complétée et devient la norme : « Naraoia » et « Aysheaia », 1977-1978 –

Acte 5. Le programme de recherche arrive à maturité : la vie après Aysheaia, 1979 – jusqu’à la fin des temps (il n’y a pas de point final)

Je ne résume pas ces deux parties, qui sont l’interminable confirmation de ce qui a été dit précédemment, par l’exposé de monographies, s’étalant jusqu’au milieu des années 80. Elles décrivent de multiples autres fascinants organismes : Naraoia, Aysheaia, Odaraia, Sidneyia, Molaria, Habelia, Sanctacaris, Wiwaxia, Anomalocaris, et bien d’autres…

 

Etat récapitulatif du bestiaire du schiste de Burgess –

La disparité anatomique découverte à Burgess révèle que le foisonnement initial de la vie multicellulaire au cambrien a très largement connu par la suite la décimation massive, laissant seulement quelques rares espèces survivre au sein de groupes modernes connus : « L’histoire des 500 derniers millions d’années a été caractérisée par la restriction de la disparité, suivie de la prolifération de quelques types d’organisation stéréotypés, et non pas par l’expansion générale de la gamme des plans anatomiques et d’un accroissement de la complexité ».

Ce processus s’applique à tous les niveaux sur le mode fractal : au niveau des grands groupes au sein des embranchements, au niveau des embranchements, au niveau de la vie animale multicellulaire prise comme un tout.

Le Schiste de Burgess donne une leçon générale à la fois sur le cambrien et sur notre vision globale de l’évolution. Les recherches archéologiques sur d’autres sites fossilifères montrent qu’il n’est pas une bizarrerie archéologique localisée dans les rocheuses de la Colombie britannique. Il révèle bien une norme générale.

L’engouement suscité par la réinterprétation de ses fossiles a stimulé les recherches d’autres animaux à corps mous sur de nombreux autres sites, au début des années 80. D’abord à proximité du foyer initial, où l’on a trouvé les mêmes organismes fondamentaux qu’à Burgess et quelques nouvelles espèces.

Plusieurs recherches fructueuses ont été menées dans les Etats américains de l’Idaho et de l’Utah, où la correspondance des espèces trouvées avec celles de Burgess est frappante. Une même similitude a été constatée avec la faune découverte au nord du Groenland. La faune découverte en Chine et en Europe de l’Est confirme également la portée planétaire du « phénomène Burgess ».

Dès lors, sur la base de ces révélations de Burgess qui achèvent la vision traditionnelle d’une lente évolution, deux vastes questions se posent pour notre compréhension de l’histoire de la vie : comment une telle disparité d’organismes a-t-elle pu si soudainement surgir ? Selon quels critères anatomiques et physiologiques, certains organismes plutôt que d’autres survécurent à la décimation qui s'ensuivit ?

Pour une ébauche de réponse au premier problème, l’explosion cambrienne, Gould propose provisoirement cette approche :

 

Selon la théorie darwinienne, la sélection naturelle et le changement évolutif, plus ou moins ample et rapide, émanent des modifications de l’environnement. Sous cet angle, l’explosion cambrienne s’explique par un événement environnemental premier : le « remplissage initial du tonneau écologique ». Il s’agissait pour la vie multicellulaire de prendre place et de proliférer à une vitesse exceptionnelle dans un espace totalement libre, lui permettant pour la première et dernière fois de profiter des niches écologiques sans qu’intervienne le régulateur de la compétition.  Selon cette approche, seules des conditions écologiques extrêmement favorables ont donc permis cette si grande diversité morphologique.

Ce facteur écologique, celui d’un vide à remplir, ne fait pas de doute pour Gould, mais ne peut expliquer à lui seul cette explosion du cambrien, telle qu’observée à Burgess : « Mon principal argument pour soutenir cette intuition se rapporte à une notion d’échelle. L’explosion cambrienne a été trop vaste, trop différente et trop originale (…) Je crois fermement que les organismes, aussi bien que les environnements, étaient différents aux époques cambriennes, et que l’explosion et la quiétude qui suivit doivent tout autant à un changement dans le potentiel organique qu’à une modification dans les conditions écologiques (…) L’évolution est le résultat d’une dialectique entre l’interne et l’externe ».

Les transformations internes des organismes doivent donc être réévaluées, comme facteurs explicatifs de cette soudaine irruption et diversification de la vie multicellulaire. Sur ce plan, le facteur d’une bien plus grande flexibilité et ingéniosité génétique parmi les génomes du cambrien pourrait éventuellement être une piste de réflexion.

Quant au second problème, celui de la réduction drastique de la diversité de la faune cambrienne par décimation, et celui donc de ses quelques survivants, la réponse traditionnelle sera celle de la sélection naturelle, qui départage les organismes dotés d’aptitudes compétitives supérieures, par un degré de complexité déjà avancé, et ceux qui en sont dépourvus, les perdants.

Dans cette logique, les « peu efficaces » devaient donc inéluctablement disparaître à mesure que la compétition s’étendait pour l’appropriation des niches écologiques.

En termes de compétitivité organique, quelque chose devait forcément clocher parmi ces si nombreux organismes de Burgess qui ont disparu.

Dans le monde de Darwin, « seuls les solides gladiateurs l’emportent ». Cette explication par la compétitivité n’a jamais été fondamentalement mise en cause. Elle abonde encore aujourd’hui tant dans les publications scientifiques que les manuels ou journaux à grand tirage.

Whittington et ses collègues se sont longtemps accrochés à cette équation entre survie et supériorité adaptative. Elle est pourtant d’un réductionnisme et d’un simplisme confondant : « « La survie des plus aptes » est une tautologie vide de sens (…) Constater qu’il y a des survivants et des morts ne permet pas de conclure que les premiers ont directement vaincu les seconds. Les raisons de la victoire sont aussi diverses et mystérieuses que les quatre phénomènes reconnus si merveilleux qu’on ne peut les comprendre (Proverbes 30, 19) (…) L’argumentation selon laquelle la supériorité adaptative est à la base de la survie risque de relever du raisonnement circulaire, une erreur classique. La survie est le phénomène qu’il s’agit d’expliquer, et non la preuve, ipso facto, que ceux qui ont survécu étaient « mieux adaptés » que ceux qui ont péri ».

Il est schématiquement si simple, après coup, par un aveuglant effet d’illusion d’optique, de voir la survie comme preuve irréfutable d’une adaptation supérieure. Pourquoi alors ne pas plutôt la prédire à l’avance, avant la mise à l’épreuve, par l’observation des comportements et des caractéristiques physiologiques ?

Or, par l’observation de la faune de Burgess, on n’a pas le moindre début de preuve anatomique que certains organismes étaient plus disposés à la survie ou à la disparition que d’autres, à l’aune de ce critère adaptatif.

Anomalocaris, le plus gros prédateur du cambrien, doté d’une puissante mâchoire « casse-noix », unique en son genre, avait tout d’un « gagnant prévisible », mais fît pourtant partie des perdants. Il n’a pas survécu à la décimation. Qu’il eût au contraire survécu, et il eut alors été assez simple, à posteriori, d’expliquer avec évidence sa survie par sa redoutable mâchoire à broyer de l’inadapté biologique.

Mais non. Nombre de perdants de Burgess étaient parfaitement spécialisés et efficaces. Des killers qui sont passés à la trappe.

Qui à contrario se serait imaginé à l’avance qu’Aysheaia, ce benêt des fonds-marins, avec ses lents et aléatoires déplacements, serait « élu » ancêtre de ces formidables myriapodes et insectes modernes ?

Ces constats déroutants pour nos raisonnements habituels, applicables à tant d’autres organismes de Burgess, conduisirent nos paléontologues qui les étudiaient, à laisser peu à peu tomber les catégories vides de perdants ou de gagnants prévisibles, de sous ou de sur-adaptés. Aucun observateur contemporain des organismes de Burgess n’aurait pu prédire pour chacun d’eux, l’un ou l’autre des deux scénarios.

Nous ne savons fondamentalement pas pourquoi certaines espèces ont survécu ou disparu, quelle est la part éventuelle d’adaptabilité, la part de loterie, ou autre…

Mais une question demeure : qu’est-ce qui en notre for intérieur, dans les profondeurs de nos préconceptions, nous attire tant en cette vieille thèse de la guerre de tous contre tous et de la victoire prévisible du plus fort ?

 

Les conceptions de Walcott et la nature de l’histoire

 

Précisément. Quelles étaient les préconceptions de Walcott ? Par quels biais personnels et professionnels, dans quel contexte social, idéologique, ou encore psychologique, étaient ancrées les épaisses œillères de ce très influent scientifique, le rendant incapable de comprendre quoique ce soit du trésor archéologique qu’il avait découvert ? De quels présupposés théoriques, inséparables de valeurs sociales conservatrices et d’éminentes positions de pouvoir, le « chausse-pied » de Walcott était-il le nom ?

Par une enquête fouillée et très documentée, puisée dans les archives personnelles de Walcott (il conservait tout), Gould tente ici de répondre à ces questions qui interrogent plus globalement la nature des entraves profondes à la libre production scientifique.

A travers la figure de Charles Walcott, c’est un mythe qu’il s’agit de briser : celui du scientifique parangon d’objectivité, œuvrant toujours avec le plus grand recul pour la cause du savoir, libre de tout déterminisme de milieu, d’époque et d’intérêt.

Parmi les raisons plutôt superficielles de l’échec de Walcott, qui limitèrent son temps disponible pour dialoguer en profondeur avec ses fossiles, celle des surcharges administratives et mondaines qui étaient les siennes, n’est pas des moindres. Il accumulait vite les postes de haut rang au sein d’institutions scientifiques prestigieuses, fréquentait les plus hautes personnalités politiques à Washington et sa frustration de ne pas avoir plus de temps pour étudier ses fossiles était certes bien réelle. Mais son sens aigu du devoir administratif ne pouvait pourtant cacher son goût de l’influence et du pouvoir que ces hautes responsabilités lui procuraient. S’ajoutaient à cela des événements familiaux malheureusement dramatiques, comme la perte de sa seconde femme et deux de ses fils.

Mais les raisons plus profondes de son incapacité à entreprendre la révolution intellectuelle que sa découverte archéologique appelait à accomplir, sont d’un autre ordre, personnel et intellectuel.

Il incarne dans chacune de ses fibres l’esprit et le mode de vie de cette vieille Amérique conservatrice, anglo-saxonne, aux racines rurales, qui va prier à l’église presbytérienne tous les dimanches, qui s’enrichit le reste de la semaine par ses juteux investissements industriels, qui fustige la décadence morale de la consommation d’alcool. Traditionalisme social, moralisme chrétien (en ce qu’il a de plus détestable), vertus de l’économie, de l’initiative et de la responsabilité individuelle, foi en la puissance matérielle et en la supériorité morale de l’Amérique, étaient ses crédos, au-delà de toute caricature. Une grosse grosse couche devant les yeux quand même.

Sur un plan théorique, Walcott se considérait comme un disciple de Darwin. Mais alors que Darwin était un homme complexe et tiraillé, souvent envahi par le doute sur sa propre théorie, rechignant longtemps à identifier la sélection naturelle au progrès, Walcott, quant à lui entremêlait les deux notions sans la moindre équivoque.

Quelques écrits de Walcott témoignent d’une conception de l’histoire de la vie faite de guerres de succession dans le règne animal depuis les temps primitifs, dans l’admirable but d’une montée progressive, parfaite et ordonnée, des organismes inférieurs aux organismes supérieurs, au summum desquels, bien sûr, trône l’homme conscient, défini par sa puissance technique et militaire. Comme subjugué par une telle apothéose évolutive, Walcott écrira : « Vint alors l’ère de l’invention technique ; d’abord les outils faits de silex et d’os, les arcs et les flèches, et les hameçons ; puis les lances et les boucliers, les épées et les fusils, les allumettes chimiques, le chemin de fer et le télégraphe électrique ».

Une frontière du biologique et du social franchie plus vite que son ombre, en un imaginaire conceptuel où la force, la guerre, la conquête, jusqu’au point d’orgue de l’Amérique triomphante, ne font qu’un. Le bel ensemble, couronné par la bienveillante bénédiction de Dieu.

Que le scientisme athée trouve dans le christianisme sans le Christ son plus sûr et solide allié est on ne peut mieux traduit en ce propos de Walcott : « La science fournit une sublime conception de Dieu, totalement en accord avec les plus hauts idéaux de la religion, lorsqu’elle Le montre Se manifestant au cours des âges dans l’évolution de la Terre menant à une demeure pour l’homme, et dans l’insufflation de la vie au sein de la matière sur de longues périodes, culminant dans une créature humaine dotée d’une nature spirituelle et de pouvoirs analogues à ceux de Dieu ».

Comment une lueur d’éveil au mystère des fossiles de Burgess, eut-elle pu transparaître de ce cadre mental ?

A travers cet imaginaire totalement structuré par les catégories de l'inférieur et du supérieur, comment pouvait-il voir autre chose en ces fossiles que des ancêtres primitifs de leurs glorieux descendants ?

Dès le début de ses études et de son enseignement, Walcott n’envisageait le Cambrien que par le prisme des arbres évolutifs, tels qu’ils avaient été introduits dans les années 1860 par le morphologiste allemand Ernst Haeckel. Ce puissant vecteur de propagande évolutionniste fixait efficacement dans l’imaginaire un séduisant processus allant systématiquement de bas en haut, du primitif au perfectionné, du moins au plus. Il en allait de l’arbre évolutif des arthropodes, comme de celui des vertébrés, des mammifères, des échinodermes, comme de celui de toute l’histoire de l’évolution. Toute une époque en était religieusement imprégnée.

C’est sur ces bases que Walcott établit des diagrammes de la phylogénie des arthropodes de Burgess, organisés autour de deux lignes verticales, qui posaient d’emblée une philosophie de la vie au mépris des faits empiriques, et qui, pour les besoins de la cause, partaient d’un ancestral point de départ précambrien, purement fictif, qu’il appelait la période du Lipalien.

Ses arrangements graphiques lui permettaient de gommer les nouveaux embranchements, d’effacer la disparité des organismes de Burgess et de les faire rentrer par magie dans ses cinq lignages d’arthropodes connus. Les tourments et scrupules de Darwin au sujet des introuvables ancêtres pré-cambriens, ne semblaient pas effleurer Walcott.

Il s’acharna à chercher ces insaisissables ancêtres dans les rocheuses américaines et jusqu’en Chine, mais ne trouva désespérément rien. Une conclusion s’imposait : ces roches ne nous sont tout simplement pas accessibles !

Les organismes du cambrien ne pouvaient qu’avoir de primitifs ancêtres pré-cambriens. Il ne pouvait juste pas en être autrement. L’histoire ultérieure, écrite à l’avance, le poussait naturellement à le déduire avec certitude.

Sans son petit « chausse-pied », c'est l'ensemble de son monde théorique et existentiel qui s’effondrait tel un château de cartes.

 

Stephen Jay Gould clôt son propos en remettant la méthode scientifique à sa juste place. Elle a son incontestable puissance explicative et elle a ses indéniables limites, qu’il s’agit de nommer.

« Est-ce scientifiquement prouvé ? » est l’intimidante question, brandie en toutes circonstances dans le langage courant, présupposant un possible accès à la connaissance par la seule et exclusive voie de la méthode scientifique. Celle-ci a pour caractéristique « l’expérimentation, la quantification, la répétition, la prédiction et la réduction de la complexité du monde matériel à un petit nombre de variables pouvant être contrôlées et manipulées ».

L’intelligence du réel est infiniment plus subtile et variée que ce réductionnisme voudrait nous le faire croire.

L’expérimentation scientifique est convaincante pour décrire des phénomènes qui se répètent, et inapte à « rendre compte du caractère unique de certains facteurs concourant à un événement ».

Il est une multitude de registres et niveaux de compréhension des phénomènes naturels, où la pure expérimentation doit laisser le relais à la narration, dans le cas présent de type historique.

Les présupposés de l’inévitable et du hasard, verrouillent tout récit possible à la fois des finalités de l’histoire et de l’influence des événements individuels comme facteurs d’orientation.

La contingence est le récit de l’imprévisible qui surgit sans prévenir, de la pluralité des options et scénarios possibles, qui effleurent aussi bien les vies individuelles que l’évolution universelle. Cet imprévisible de la contingence rompt avec la vision mécanique des lois fondamentales de la nature. Non parce que celles-ci n’existeraient pas, certes elles existent et la méthode scientifique peut dans une certaine mesure les décrire, mais parce que la nature, la vie et l’évolution, débordent de surprises inattendues et d’évènements imprévisibles, irréductibles à nos rassurantes catégories scientifiques.

Les si surprenants et inclassables organismes du schiste de Burgess nous disent que l’évolution n’était pas prévisible à l’avance. Seule sa confortable description à posteriori donne l’illusion d’un scénario préétabli. Ces fossiles révèlent qu’une multitude de voies évolutives étaient possibles.

La vie est belle. Comme l’indique Stephen Jay Gould, son livre a repris le titre du merveilleux film de Frank Capra (1946), qu’il nous invite à voir ou à revoir, tant l’existence de George Bailey (James Stewart) exprime la contingence.

Serge Lellouche

marrella_by_thechestercat_da5hjat-fullview.jpg
la vie est belleIMG_20220825_082116.jpg

" Nan mais sérieux Charlie, j'ai une tête de winner adaptatif,

produit d'un mécanisme graduel et prévisible,

à mi-parcours entre l'amibe et Elon Musk ?

 

J'informe solennellement tes héritiers que ma fougue de chien fou et mes courses pataudes à la poursuite de ma baballe sont irréductibles aux lois mesurables de la chimie et de la génétique.

Compris ?

Waf !"

bottom of page