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   Extraits  

La propriété privée à l'épreuve de la destination universelle des biens

 

Extraits 

La propriété privée à l'épreuve de la destination universelle des biens

Léon Tolstoï,

L'esclavage moderne

 

 

 

 

 

 

"La propriété personnelle de la terre est généralement regardée comme une condition nécessaire des progrès de l'agriculture. Si la terre n'était pas possédée individuellement et ne pouvait pas se transmettre par héritage, chacun s'efforcerait, pense-t-on, de s'emparer de la part du voisin, et nul ne travaillerait pour faire prospérer des cultures dont il ne serait pas certain de conserver la jouissance. Cela est-il vrai ? L'histoire et la réalité contemporaine répondent à cette question. L'histoire nous dit que que la propriété individuelle de la terre eut pour fondateurs, non des gens préoccupés d'assurer aux cultivateurs la longue jouissance de leurs tenures, mais des conquérants qui usurpèrent les terres communes et les distribuèrent à leurs hommes d'armes. La propriété de la terre ne fut donc pas imaginée dans le but d'encourager l'agriculture. Du reste, la réalité nous le prouve bien : le droit de posséder la terre ne garantit nullement au laboureur qu'on ne lui prendra pas le champ qu'il travaille. C'est le contraire qui s'est toujours produit et se produit encore. Ce droit n'a guère profité qu'aux grands propriétaires; par lui presque tous les laboureurs, c'est à dire une énorme masse d'hommes, sont réduits à travailler des terres qui ne leur appartiennent pas et d'où peut les chasser le caprice de ceux qui possèdent sans travailler. Il n'assure pas au cultivateur la possibilité de récolter les fruits de son effort sur la terre même que son travail féconde. C'est lui qui permet au contraire que les terres soient enlevées aux hommes qui les travaillent pour être données à d'autres hommes qui ne les travailleront pas. Il ne favorise donc pas, mais entrave plutôt les progrès de l'agriculture.

Pape François, Lettre Encyclique 

Laudato Si

 

"93. Aujourd’hui croyants et non croyants, nous sommes d’accord sur le fait que la terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. Pour les croyants cela devient une question de fidélité au Créateur, puisque Dieu a créé le monde pour tous. Par conséquent, toute approche écologique doit incorporer une perspective sociale qui prenne en compte les droits fondamentaux des plus défavorisés. Le principe de subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens et, par conséquent, le droit universel à leur usage, est une “règle d’or” du comportement social, et « le premier principe de tout l’ordre éthico-social ». La tradition chrétienne n’a jamais reconnu comme absolu ou intouchable le droit à la propriété privée, et elle a souligné la fonction sociale de toute forme de propriété privée. Saint Jean-Paul II a rappelé avec beaucoup de force cette doctrine en affirmant que « Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour qu’elle fasse vivre tous ses membres, sans exclure ni privilégier personne ». Ce sont des paroles denses et fortes. Il a souligné qu’« un type de développement qui ne respecterait pas et n’encouragerait pas les droits humains, personnels et sociaux, économiques et politiques, y compris les droits des nations et des peuples, ne serait pas non plus digne de l’homme ». Avec une grande clarté, il a expliqué que « l’Église défend, certes, le droit à la propriété privée, mais elle enseigne avec non moins de clarté que sur toute propriété pèse toujours une hypothèque sociale, pour que les biens servent à la destination générale que Dieu leur a donnée ». Par conséquent, il a rappelé qu’« il n’est [...] pas permis, parce que cela n’est pas conforme au dessein de Dieu, de gérer ce don d’une manière telle que tous ces bienfaits profitent seulement à quelques uns ». Cela remet sérieusement en cause les habitudes injustes d’une partie de l’humanité.  (...)

 

95. L’environnement est un bien collectif, patrimoine de toute l’humanité, sous la responsabilité de tous. Celui qui s’approprie quelque chose, c’est seulement pour l’administrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons pas, nous chargeons notre conscience du poids de nier l’existence des autres. Pour cette raison, les Évêques de Nouvelle Zélande se sont demandés ce que le commandement « tu ne tueras pas » signifie quand « vingt pour cent de la population mondiale consomment les ressources de telle manière qu’ils volent aux nations pauvres, et aux futures générations, ce dont elles ont besoin pour survivre »."

Convergences anarcho-vaticanes

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