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Dès 1980, il annonçait la grande imposture de la COP 21 et ses troupes de suiveurs, naïfs ou opportunistes.

 

Bernard Charbonneau

L'écologie récupérée ouvre de belles perspectives de carrière.

 

 

"Un beau jour, le pouvoir sera bien contraint de pratiquer l'écologie. Une prospective sans illusions peut mener à penser que, sauf catastrophe, le virage écologique ne sera pas le fait d'une opposition très minoritaire dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour où elle ne pourra faire autrement. Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l'abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n'ont aucun préjugés, ils ne croient pas plus au développement qu'à l'écologie : ils ne croient qu'au pouvoir, qui est celui de faire ce qui ne peut pas être fait autrement.

Si l'on pèse les coûts d'une participation à l'écologie officielle en fonction des deux principes, l'on s'aperçoit vite qu'elle est un marché de dupes. Soit qu'on n'y puisse changer grand-chose, soit qu'au jour venu le changement s'opère de lui-même, comme si l'homme n'était qu'un pion dans le jeu de la nécessité et du hasard. En dehors de tout parti pris idéologique, pour de simples raisons de faits et considéré à la lumière de ses fins, le mouvement écologique est condamné à rompre avec l'ordre désordonné établi. Il n'a même pas à le chercher, cela se fera tout seul par des voies réformistes ou révolutionnaires -peu importe- s'il reste tant soit peu fidèle à lui-même (...)

 

(Le pouvoir) recycle à son profit une partie des idées de l'adversaire, récupérant du même coup la part de ses troupes et de ses dirigeants séduits par l'efficacité et les avantages d'une carrière officielle (...)

 

Comment, quand on est jeune et que sous des dehors tranchants l'on doute de soi, ne pas être flatté d'être reçu par des gens connus? D'autant plus que pour certains ambitieux l'écologie était le marche pied tout indiqué de leur classe d'âge. Et la bourgeoisie est toujours prête à leur ouvrir ses bras quand ils se fatiguent d'aboyer pour rien à l'extrême gauche. Sous l'oeil attendri de papa président, enfin ils agissent (...) 

 

Le système a ses intérêts propres aussi étrangers à la nature qu'à la liberté. L'on peut craindre qu'entre l'écologiste et le Pouvoir la partie soit inégale. Le premier sera-t-il là pour influencer ou servir d'alibi? Les moyens qu'on lui offre jusqu'ici au compte-gouttes ne sont pas n'importe lesquels, et on ne le laissera en disposer qu'à la condition de le faire dans un cadre capitaliste ou étatique auquel il n'est pas question de toucher. L'écologie officielle a des limites dont il devra automatiquement s'écarter, notamment le Développement : si vous prônez le solaire, taisez-vous sur le nucléaire! Jusque-là... Mais pas plus loin. C'est la règle que l'écologiste engagé dans le pétrole, le béton ou la télé pratique d'instinct. Il est admis de critiquer le mitage de l'espace par les particuliers, déjà moins par les grands promoteurs, mais surtout pas par le Pouvoir. Vous pouvez dénoncer l'individu qui bâtit un pavillon sur la presqu'île de Crozon, en aucun cas la base sous-marine qui l'occupe pour un quart. Vous pouvez présider une institution qui achète les terrains côtiers menacés par les résidences secondaires pour les remettre au Conservatoire du littoral, ne mettez pas en cause l'Aménagement qui le bétonne sur 200 kilomètres, contentez-vous de déplorer telle erreur sans précision géographique (...) Si un jour vous organisez un colloque sur l'Aquitaine, ne pipez mot sur son aménagement. Ce mot est tabou : c'est une affaire d'Etat, et vous n'êtes que son employé. Dans ce cadre, on a tous les moyens d'agir. A la condition de ne pas y toucher (...)

 

Si la protection de la nature n'est qu'une affaire scientifique, administrative ou culturelle dont on discute entre spécialistes bien élevés, elle restera l'alibi de la société qui la détruit, et ceux qui accepteront de jouer le jeu seront ses plus précieux complices (...)

 

L'écologie ne sera sauvée que le jour où, sortant des discours, des parcs, des facultés ou des colloques, elle gagnera la rue. Elle naquit au grand air, qu'elle ne se laisse pas enfermer dans quelque bureau ".  BC

 

 

(Dans Bernard Charbonneau, Le Feu vert, 1980 - Editions Parangon/ Vs, 2009)

 

"De nouveau le diable le prend avec lui sur une très haute montagne, lui montre tous les royaumes du monde  avec leur gloire et lui dit : "Tout cela je te le donnerai, si, te prosternant, tu me rends hommage." Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan! Car il est écrit : C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à lui seul tu rendras un culte." (Matthieu 4, 8-10)

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